J’étais appréhensive à l’idée de retourner en Inde avec nos enfants. J’y ai pourtant voyagé à plusieurs reprises et nous y avons habité pendant 2 ans, ce pays ne m’est donc pas inconnu. C’est là que j’ai vécu ma première grossesse et que notre fils, Kalan, est né. Pourtant, pour moi, l’Inde n’est pas une destination facile. À cause de cela, je n’ai pas pu me résoudre à planifier quoi que ce soit pour cette partie de notre périple. Kean s’est occupé de tout organiser, avec l’aide de sa maman et sa sœur qui habitent sur place.
Arrivés à Coimbatore, dans le Tamil Nadu, le passage à l’immigration est compliqué. « Oh, non… déjà… ça commence… », me dis-je… L’officier d’immigration nous fait déjà passer un mauvais moment. Il est agressif avec les enfants et prend tout son temps pour vérifier les formalités nécessaires, bien que nous ayons nos visas et documents en règle. 45 minutes plus tard, il tamponne enfin nos passeports. Heureusement, Ayesha et Lyra, ma belle-sœur et ma belle-maman, nous attendent à la sortie de l’aéroport. Cela permet déjà de ne pas devoir se battre pour un taxi. Ola, l’application indienne équivalente à Uber, est super efficace. Ayesha nous commande deux véhicules et nous filons en direction de notre auberge. Les enfants sont tellement heureux de revoir leur tante et leur grand-mère mais Anokhi, après toutes les émotions ressenties au bureau d’immigration de l’aéroport, fond en larmes. On la console et on la rassure comme on peut. Tout ira mieux demain… En effet, le lendemain, on se réveille tous sereins. « Un jour après l’autre », c’est comme ça qu’on va devoir vivre notre expérience indienne. Il y a tant de choses à assimiler, à « digérer mentalement » dans ce pays. Après un petit déjeuner bien épicé, nous prenons la route en direction de Kodaikanal, une petite ville de montagne, située dans le Tamil Nadu. Kodaikanal Kodaikanal est une destination touristique très appréciée par les indiens. Ceux-ci quittent leurs mégapoles étouffantes pour aller se ressourcer dans cette petite ville aux températures fraîches, aux précipitations abondantes et aux brumes montagneuses. Alors que sous nos latitudes, on rêve de chaleur, ici, on rêve de fraîcheur. Nous avons donc passé quelques jours dans ce climat très similaire à la Suisse. Kodaikanal est d’ailleurs connue pour son lac et pour son chocolat… on se sentait presque à la maison 😊 Les enfants ont pu s’acclimater gentiment à leur arrivée en Inde, nous avons bien fait de débuter notre voyage par cette petite ville. Déjà là, il y avait énormément de choses perturbantes pour nos enfants. Le chaos des routes, le bruit constant, l’agressivité des gens, la mendicité, les diverses affections dont certaines personnes souffrent et la souillure ambiante sont des choses auxquelles ils ne sont pas habitués. Zephyr, qui est très sensible, a souffert de crises d’angoisse pendant les premiers jours. L’environnement indien en général le stressait trop et finalement, il ne voulait plus sortir. Connaissant bien mon fils, je lui ai donc mis des boules de papier dans les oreilles pour atténuer le bruit ambiant et je lui ai conseillé de lire son livre aussi souvent qu’il le désirait. Cela lui a permis de s’isoler un peu lorsqu’il en avait besoin. Lorsqu’il marchait dans la rue, cependant, il ne pouvait pas lire, car en Inde, il faut faire attention à tout… marcher sur un trottoir et souvent plus compliqué ou plus dangereux que de marcher sur la route elle-même. Ça n’a donc pas toujours été simple… Kalan, lui, était très à l’aise dans la rue et très intéressé pas le spectacle incessant de la vie indienne. Anokhi et Zephyr, eux, ne pouvaient le vivre qu’à petites doses. Nous avons donc dû nous scinder en deux groupes, de temps à autres, quand les plus jeunes d'entre nous arrivaient vraiment à saturation. La rue en Inde offre cependant un foisonnement d’images incroyables et même si cela a parfois été pénible ou dur pour nos enfants, ils ont également été fascinés par ce qu’ils ont vu : Les vaches déambulant tranquillement au milieu de la circulation ou décidant de ruminer juste là, au milieu du trottoir – Les vaches, encore, décidant de faire des gratouilles contre les rétroviseurs des voitures ou de manger les offrandes florales des temples - les singes présents un peu partout, se mêlant à la population et chapardant tout sur leur passage - les femmes préparant des bajis (beignets) dans leurs grandes poêles noires ou les hommes servant du chai (thé) avec de grands gestes élégants - les superbes guirlandes de fleurs préparées quotidiennement pour décorer les chevelures des femmes ou à placer sur les déités indiennes… Les nombreuses couleurs, les temples richement ornés, les animaux omniprésents et faisant partie intégrante de la vie indienne, les gens, partout, s’affairant continuellement… on ne s’ennuie pas dans la rue en Inde, c’est certain ! Kodaikanal, comme je l’ai dit, était une bonne première étape pour acclimater nos enfants à l’environnement indien. Après 5 jours passés dans cette petite ville, il était temps pour nous de prendre le train depuis la gare de Kodaikanal Road, en direction de la grande ville de Bangalore. Le retard du train ne nous a nullement dérangés, car notre attente sur le quai était animée par le groupe de singes du coin qui venaient chaparder les restes de nourriture et les déchets laissés par les passagers. Les enfants étaient fascinés d’observer l’interaction entre les singes, leurs cabrioles et leurs ruses pour chiper les snacks des gens. Lorsque le train est arrivé, nous sommes entrés dans le wagon, un long couloir étroit et sombre bordé à gauche et à droite de rideaux bleus, derrière lesquels il y avait les banquettes, organisées en compartiments pour 2 ou 4 personnes. Une grande nouveauté qui a beaucoup réjouit nos jeunes aventuriers ! ça faisait un peu comme des cabanes… Ils se sont installés confortablement, d’abord assis, puis, ils ont découvert qu’ils pouvaient modifier leurs sièges pour en faire des couchettes… trop bien !!! À tout moment, des vendeurs passaient dans le couloir en criant « chai ! » « kopi ! », « vada », « samosa ! »…, pour nous proposer leurs boissons et leur nourriture. Les enfants se sont régalés du délicieux thé sucré et des snacks indiens épicés. Le trajet a duré 9 heures. Prendre le train en Inde est un excellent moyen de voir le pays et de rencontrer ses habitants. J’ai toujours aimé ces trajets et j’étais bien heureuse que mes enfants puissent vivre cette expérience à leur tour. Bangalore : Bangalore est une grande ville indienne. Dans le passé, elle était surnommée « The garden city », car elle était très verte, avec de nombreux parcs et jardins et très arborisée. À l’époque coloniale, de très beaux « bungalows » entourés d’un jardin privé y ont été construits en guise d’habitations. De ces temps anciens, il ne reste presque plus rien, malheureusement. La ville moderne écrase peu à peu les anciens bâtiments et étouffe le peu de fraîcheur qu’il reste. Nous avons habité 2 ans dans cette ville. Devant régulièrement y circuler, je connaissais bien le centre-ville et pourtant… tout a tellement changé en 10 ans que je m’y suis sentie totalement perdue ! Lorsque notre taxi nous a déposés près de notre ancien quartier, Kean et moi avons pensé que le chauffeur s’était trompé d’endroit. Peu à peu, en observant autour de nous, nous avons retrouvé un ou deux repères discrets, certaines choses qui ne changeront peut-être jamais, telles que le petit temple hindou du quartier ou la mosquée du bout de la rue. Nous nous sommes dirigés vers notre ancienne adresse et là, tout à coup, un immense et éblouissant sourire a éclaté devant nous ! C’était Raju, le vendeur de légumes ! Raju est comme un soleil dans le quartier, toujours extrêmement gentil et serviable. À l’époque, il sélectionnait les plus beaux « murungakais » pour Kalan qui raffolait de ce légume quand il était petit. Son échoppe sombre faisait un mètre carré à l’époque, on aurait dit qu’il était placé dans une armoire, pourtant, cela ne l’empêchait pas de toujours avoir une quantité impressionnante de beaux fruits et légumes à nous proposer. Maintenant, le magasin de Raju fait environ 6 mètres carrés de superficie et il a même un étal à l’extérieur, il a l’électricité et donc un beau frigidaire pour vendre des boissons, une évolution dont il est très fier ! Nous étions tellement heureux de le retrouver et il était tellement content de revoir Kalan qu’il a connu bébé et qui fait maintenant une tête de plus que lui. Il était ravi de revoir Zephyr, qu’il avait vu bébé lors de notre dernière visite, et de faire la connaissance d’Anokhi. Nous étions tous très émus de nous revoir et Raju, pour célébrer cela, a offert des minérales et une belle grosse pastèque à nos enfants, un geste extrêmement généreux. Raju m'a lancé en partant: "Next time you come, Ma, I will have a mini supermarket maybe!" et c'est tout ce que nous lui souhaitons: énormément de succès et une belle vie à faire ce qu'il aime et ce en quoi il excelle: le commerce de proximité. Plus loin, nous avons été enchantés de revoir nos anciens voisins et amis, Vivek et Vandana, ainsi que Smriti et Rabi et leurs enfants respectifs. Lorsque nous habitions dans le quartier, Aghastya, Dheep et Kalan avaient le même âge, nous nous retrouvions donc souvent dans la rue, en fin de journée, pour faire jouer nos bébés et échanger un peu entre jeunes parents. Sans leur aide, leurs conseils et leur soutien, ma vie de jeune maman en Inde aurait été bien plus difficile, je leur suis tellement reconnaissante de m’avoir entourée de leur amitié à cette époque-là et, comme toute véritable amitié, nos retrouvailles se sont faites tout naturellement ce jour-là. 10 ans ont passé et pourtant, rien n’a changé de ce côté-là, c’était si bon de les revoir, de pouvoir échanger à nouveau, de retrouver notre union passée. Agasthya et Kalan se sont entendus à merveille, comme s’ils se connaissaient depuis toujours. Malheureusement, le jour où nous avons vu Dheep, Kalan n’était pas présent mais je suis certaine que les deux seraient également très bons amis ! À Bangalore, nous sommes restés dans l’appartement partagé par ma belle-maman et ma belle-sœur. C’était très agréable et reposant de pouvoir être entourés par la famille. Nous avons eu le plaisir de revoir une partie de nos oncles et tantes et avons également visité plusieurs endroits de la ville, dont le musée du Karnataka et le magnifique Someshwara Temple. Nous avons également été à Comic-con India, c’était très amusant de voir la version indienne de cet événement si connu et nous avons fait beaucoup de shopping ! Il était temps de remplacer la plupart de nos habits usés par les nombreuses aventures des mois précédents. Nous n’aimons pas du tout faire les magasins mais en Inde, tout est différent, donc c’était chouette ! Nous nous sommes tous régalés de la délicieuse cuisine indienne. Thalis, currys, pani puri, dosai, vadas, byrianis, tant de succulentes spécialités et surtout du rasmalai, mon dessert préféré !!! Les enfants ont dû apprendre à manger proprement avec leurs mains… et ils se sont débrouillés comme des chefs !!! Finalement, tout s’est bien passé en Inde. Mes appréhensions du départ se sont envolées et, même si ça n’a pas toujours été simple, notre visite a été positive !
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Kean et CeliaNous sommes les parents de 3 merveilleux enfants. Archives
January 2018
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