Le Brésil est un pays énorme et tellement varié… Lorsque j’ai débuté l’organisation de notre tour du monde, j’avais prévu d’y visiter beaucoup plus d’endroits, notamment Salvador de Bahía, car Zephyr et Anokhi ont tous les deux pris des cours de capoeira à Neuchâtel. J’avais donc prévu de visiter l’endroit d’où l’école de capoeira neuchâteloise est originaire mais malheureusement, pour des raisons d’organisation, cela n’a pas été possible… une autre fois, peut-être 😉 São Paulo et ses murs peints : Nous avons donc visité São Paulo, la Costa Verde (Paraty) et terminé à Rio de Janeiro. São Paulo est une très grande ville. La première chose qui nous a frappés, c’était le nombre incroyable de tags présents sur les murs, sur les ponts, un peu partout. C’était vraiment surprenant d’en voir autant, de haut en bas des édifices. Les tags ne sont pas beaux, c’est donc un peu dommage d’en voir autant. Les taggeurs ont cependant beaucoup d’audace, il faut leur accorder cela, car les ponts étaient souvent recouverts sur toute leur longueur, plusieurs mètres au-dessus de la rivière ou de l’autoroute et les bâtiments idem, étaient souvent recouverts à tous les étages. Ce qui était cependant bien plus joli et intéressant que les tags, était la profusion de graffitis et de fresques murales. Il y a même tout un passage, au centre-ville, dédié à l’art de peindre sur les murs exhibant de superbes fresques murales. Il y a de vrais artistes de la bombe et du pinceau à São Paulo et ce "street art" ajoute une intéressante touche de couleur dans cette ville sinon très grise et plutôt austère. « Le gouvernement essaie de nettoyer tous les murs », m’a dit un chauffeur Uber qui nous conduisait. En effet, il semblerait que le nouveau maire de São Paulo ait décidé de repeindre sa ville… en gris… sans discerner les tags des fresques murales et des graffitis. Cela irrite profondément une partie de la population, comme on peut le lire dans l’article du Guardian, écrit à ce sujet. Durant nos 2 jours à São Paulo, il a plu sans arrêt. Nous ne sommes donc pas beaucoup sortis et en avons profité pour faire un peu d’école avec les enfants. Kean, lui, avait arrangé une réunion avec deux collègues brésiliens. Nous avons eu le plaisir de les rencontrer et ceux-ci nous ont donné toutes sortes de recommandations pour la suite de notre voyage ; leur aide nous a été très précieuse ! Ils nous ont également fait découvrir un fantastique restaurant, que je vous recommande, si vous allez un jour à São Paulo : Coco Bambu. Pour nous rendre sur la Costa Verde, nommée ainsi car la jungle tropicale arrive jusqu’à la mer, nous avons décidé de louer une voiture. Nous pensions tout d’abord prendre le service de bus public mais les collègues de Kean nous en ont dissuadés. Google Maps nous annonçait un trajet d’environ 4 heures entre São Paulo et Paraty… Cela nous a pris 7 heures… Les routes brésiliennes, je dois dire, ne sont pas très agréables pour la conduite. Les limitations de vitesse changent constamment entre 80km/h et 40km/h et personne de respecte ces règles, donc, afin de faire ralentir les véhicules, nombre de gendarmes couchés de toutes tailles ont été placés sur la route. Les conducteurs brésiliens foncent et ensuite plantent sur les freins lorsqu’ils aperçoivent l’un de ces monticules devant eux, c’est très stressant. De plus, comme ces gendarmes couchés sont clairement « home-made », même si on les passe à 10 km/h, parfois, on râcle le bas de la voiture. Les conducteurs habitués font donc un genre de gymnastique sur la route pour placer la voiture légèrement de travers, une roue avant l’autre, ou ils donnent carrément un coup de volant sans ralentir et passent sur la bande d’arrêt d’urgence afin d'éviter le gros « bump ». Ils doivent bien connaître la route s’ils font cela car, par endroits, 1, 2, voire 3 gendarmes couchés ont été placés dans la bande d’arrêt d’urgence, encore une fois, de manière plutôt artisanale. De nombreux nids de poule dans le revêtement ralentissent également naturellement le flot de circulation ou le font « danser » à la dernière minute… Bref, conduire le long de cette route n’est pas de tout repos. Paraty: Arrivés à Paraty, nous avons décidé de nous reposer dans cette petite ville portuaire pour plusieurs jours. En effet, jusque-là, notre voyage a été très animé, nous nous sommes beaucoup déplacés, nous avons fait beaucoup de visites et franchement, nous commencions à être fatigués. Les enfants avaient besoin de ne rien faire pendant quelque jours… bon, rien faire n’est pas notre fort, donc on a tout de même été actifs tous les jours mais on a ralenti la cadence de nos découvertes. La baie de Paraty est superbe avec ses nombreux îlots répartis dans ses eaux vertes et turquoises. La jungle environnante, luxuriante et dense, permet elle aussi de faire de superbes balades « exactement comme au Papiliorama », ont dit les enfants. En effet, la jungle autour de Paraty est très similaire à la jungle du Papiliorama de Kerzers ; nous avons même reconnu l’odeur typique qui s’en dégage ! On y a observé de superbes oiseaux, des nuages de papillons et beaucoup, beaucoup de gros insectes. Nous sommes partis à l'aventure en suivant un sentier, puis un autre, sans vraiment savoir où nous allions... C'était magnifique mais heureusement, Kean se promène toujours avec son trackeur satellite car je ne suis pas certaine que nous aurions pu retrouver notre chemin pour le retour... beaucoup trop occupés que nous étions à admirer un papillon, puis un autre, puis un autre... Heureusement, même si nous n'avons pas complètement les pieds sur terre, quelqu'un peut nous guider depuis les étoiles :) Kalan, notre jeune scientifique, s’en est donné à cœur joie pendant ces quelques jours, observant et photographiant les fourmis géantes, les fourmis à l’abdomen doré, les grosses araignées, les papillons et les multiples cocons et nids à l’aide de la lentille « macro » qu’il a reçue avant notre départ et qu’il peut simplement cliper sur son téléphone portable (un super cadeau, merci !). Zephyr a pu reprendre ses longs moments de lecture et se replonger dans un bon bouquin. « Enfin, Maman, je peux vraiment lire ! ». En effet, en nous déplaçant à tout bout de champ et en arrivant fatigué en fin de chaque journée, Zephyr n’avait que de courts moments pour se plonger dans ses romans et cela ne lui suffisait pas. Nous étions conscients, avant notre départ, que ces moments de lecture étaient très importants pour Zephyr et nous avons essayé d’accommoder ses besoins au mieux mais ces quelques jours de repos à Paraty étaient exactement ce qu’il lui fallait. Il a également adoré la vase présente à marée basse dans la baie de Paraty et a fait un terrible et nauséabond bain de boue... Jamais je n'aurais imaginé que Zephyr fasse cela, franchement, j'étais toute surprise. Lui qui est plutôt du genre "propret" et qui n'aime pas avoir du sable entre les orteils s'est soudain couvert de boue du cou à la pointe des pieds. Il aura fallu que je fasse la moitié du tour du monde pour découvrir qu'il en était capable! Anokhi, notre jeune aventurière, a adoré la jungle ! Sautant et courant sur les sentiers de terre, une fleur de bananier (trouvée parterre) à la main, escaladant les rochers au milieu de la rivière (me donnant quelques frayeurs), faisant du snorkelling sur la plage, on ne pouvait plus l’arrêter ! Avec son masque, elle a longé pendant plus d'une heure la plage de Paraty Mirim à la recherche de jolis coquillages. Dans la jungle, elle a gambadé de découverte en découverte, admirant les bananiers, les papayers, les plantes grimpantes des fruits de la passion, les hauts cocotiers, les plants de canne à sucre et les jolies fleurs tropicales qui poussaient un peu partout. Les enfants ont d’ailleurs goûté pour la première fois du jus de canne à sucre (un vrai délice !) pendant que Kean, lui, dégustait la version fermentée du même jus : La cachaça. Paraty est l’une des capitales de la cachaça, avec 150 distilleries dénombrées (officielles et moins officielles) mais cet alcool, tant apprécié des brésiliens, est également fabriqué dans d’autres endroits du pays. Il semblerait que la consommation annuelle de cachaça au Brésil s’élève à 1,500,000,000 litres par an… ça fait pas mal de caïpirinhas 😊 Notre logement à Paraty: Notre logement à Croce del Sud, chez Luca, un italien globe-trotteur qui a passé plus de la moitié de sa vie en Amérique du Sud, était très agréable. Luca est un homme passionnant qui a vécu mille vies et tellement d’aventures qu’il pourrait remplir une belle étagère de bibliothèque s’il décidait un jour de coucher celles-ci sur papier. Il nous a donné de nombreux conseils concernant les marches à faire dans la jungle et les jolis coins à explorer dans les environs et, grâce à lui, nous avons passé un merveilleux séjour ! Si vous aimez les endroits simples, en pleine nature, éloignés des endroits touristiques (à environ 10 km de Paraty, tout en haut d’une colline surplombant la mer), je vous recommande chaudement de loger à Croce del Sud ! Il y a seulement 3 appartements juxtaposés à louer, rien à voir avec un hôtel. Chaque matin, un petit-déjeuner très copieux (nous avions assez de nourriture pour 2 repas !), composé de produits frais, est déposé dans un panier derrière la porte. La cuisine de notre appartement, bien aménagée, nous a également permis de préparer quelques repas « comme à la maison », ce qui était bien agréable. Les appartements étant partiellement ouverts, on y était très près de la nature. Depuis nos lits, on observait donc les geckos qui chassaient les papillons de nuit chaque soir sur les murs et une chauve-souris est même venue attraper quelques moustiques en tournoyant au-dessus de nos têtes avant de décider de s’en aller. On aurait bien voulu qu’elle reste, d'ailleurs et qu’elle continue son bal glouton pour nous débarrasser de tous les moustiques. Comme les premiers jours de notre séjour étaient pluvieux, nous étions envahis par ces petits suceurs de sang ; Au matin du deuxième jour, j’étais toute peinée de voir mes Amours criblés de piqûres. Heureusement, Luca avait des moustiquaires à nous prêter pour les nuits suivantes. D’autres visiteurs se sont également invités dans notre logis et c’est ainsi que les enfants ont appris que la règle de Maman « On mange à table, au-dessus d’une assiette », qui semble être tellement rébarbative, prend tout son sens dans cet environnement tropical. Comme souvent, la règle de Maman n’a pas été respectée… des miettes se sont retrouvées parterre et même dans les lits… Il n’a fallu que quelques heures pour que les grosses fourmis tropicales débarquent pour faire le ménage et envahir l’endroit… Rien de tel qu’une fourmilière à l’intérieur de son lit pour qu’une règle soit enfin comprise et assimilée 😊. C’est d’ailleurs en rentrant d’un bon souper que nous avons réalisé que nous partagions maintenant notre logis avec une colonie de fourmis. Ayant décidé de ne pas manger « chez nous » ce soir-là, nous avons fait une recherche sur TripAdvisor et nous avons choisi « Nonô’s » : un minuscule restaurant avec 4 tables en plastique et un monsieur retraité qui propose une cuisine préparée à la minute. Il a certes une carte mais, finalement, les options sont « ce qu’il y a dans le frigo ». Une trouvaille très intéressante, la minuscule ginguette est située au milieu d’un quartier résidentiel, le long d’une route en terre battue. Nous étions convaincus d’être perdus lorsque nous sommes tombés sur l’endroit. Grâce à internet, ce genre de petit bijou n’est plus uniquement connu des habitants locaux. Ce soir-là, nous étions pourtant les seuls clients et nous avons mangé comme des rois ! Rio de Janeiro : Initialement, nous avions prévu de passer 3 jours à Rio de Janeiro et notre séjour à Paraty aurait dû être plus court. Cependant, Rio traverse une période assez mouvementée en ce moment. Deux semaines avant notre arrivée au Brésil, une famille anglaise avec 3 enfants a pris une fausse route à Rio et s’est retrouvée dans un quartier contrôlé par un gang. Malheureusement, ils se sont fait tirer dessus ; le papa et les 3 enfants n’ont rien eu mais la maman a été blessée par une balle. Cette situation n’a fait qu’envenimer une situation déjà très tendue à Rio. Luca nous a dit que 2000 soldats avaient été déployés dans divers endroits de la ville et que des tanks avaient été placés à certains croisements de routes. Le jour avant notre départ prévu pour Rio, Luca s’est entretenu par téléphone avec un ami carioca qui lui a dit qu’il avait échappé à un échange de balles dans la rue et qu’il avait dû se réfugier pour la nuit avec d’autres personnes dans le hall d’entrée d’un immeuble. Nous avons donc décidé de prolonger notre séjour à Paraty de deux jours et de ne passer qu’une seule journée à Rio de Janeiro. Arrivés à Rio, nous étions remplis d’appréhension mais nous n’allions pas rester à l’hôtel pour autant ! Nous sommes partis arpenter les rues en direction de la plage. Nous avons choisi la plage de Flamengo, une plage ayant la vue sur le Pain de Sucre et le Christ Rédempteur – tout de même… si on va à la plage à Rio, on va essayer de marier cela avec un peu d’éducation et de culture 😊. La mer était très agitée, il était impossible de se baigner, mais les enfants ont joué un moment sur le sable avant que nous décidions de longer la plage pour découvrir d’autres parties de la ville. En chemin, nous avons observé les joueurs de beach volley, un sport apparemment très apprécié des cariocas. Plus loin, un corps allongé et emballé était malheureusement gardé par un policier. Les gens passaient juste devant, sans y prêter attention, en discutant ou en mangeant une glace. Peut-être que c’est une situation à laquelle les habitants de cette grande ville sont habitués. Nos enfants étaient choqués de voir cela, cependant, et ce corps mort, ignoré de tous, a soulevé toutes sortes de questions. Arrivés à la plage de Botafogo, un match de « futebol » se déroulait sur la partie propre de la plage (l’autre partie est une vraie poubelle, malheureusement). Deux équipes de 11 joueurs avec plusieurs remplaçants s’affrontaient sur le terrain de sable et plusieurs supporters animés faisaient entendre leurs avis sur le déroulement du jeu. Un groupe de petits garçons jouait son propre match à 4 joueurs en bordure de terrain et, pour le plus grand plaisir d’Anokhi, perdait souvent la balle dans notre direction, ce qui a permis à notre petite fille avide d’interaction de s’immiscer de temps à autres dans le jeu. C’était un très chouette moment de vie parmi les cariocas. En début de soirée, nous sommes repartis en direction de notre hôtel. Nous en avons profité pour nous balader un peu dans les rues de Rio, bien animées à ce moment-là de la journée. Des ensembles de musiciens assis en cercle, chacun sur sa chaise, s’entraînaient à jouer. On les voyait arriver, un à un, avec une chaise en plastique ou un tabouret sous le bras et leur instrument dans l’autre main. Le cercle s’agrandissait, les musiciens s’installaient et se joignaient au groupe, tout simplement. Les vendeurs de fruits et les petits stands de nourriture de la rue étaient bien actifs, proposant leurs spécialités aux passants gourmands ; c’était une belle soirée. En flânant dans les rues, nous nous sommes dits que nous aurions tout de même pu rester un peu plus longtemps à Rio, l’atmosphère y était joyeuse et agréable mais au détour d’une rue, l’arrestation d’un homme et l’impressionnante présence policière sur les lieux nous a tout de même confortés dans le sentiment que finalement, peut-être, nous avions fait le bon choix. Visiter Rio en ce moment précis avec des enfants n’est peut-être pas idéal, bien que je pense que dans ce genre de situation on peut tout à fait passer de supers moments sans soucis, il suffit de ne pas être au mauvais endroit, au mauvais moment.
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Kean et CeliaNous sommes les parents de 3 merveilleux enfants. Archives
January 2018
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