Nous avons quitté la belle ville de Santiago, capitale du Chili, pour nous rendre sur un autre territoire chilien, à des milliers de kilomètres de là… Une terre isolée dans le Pacifique : Rapa Nui ou L’Île de Pâques.
Cette île appartient au Chili depuis 1888 et elle est gérée administrativement par la région de Valparaíso mais elle semble être culturellement éloignée du Chili. Rapa Nui est, culturellement, une île polynésienne. La population Rapa Nui indigène est, en effet, descendante des voyageurs issus des îles du Pacifique et elle est très attachée à ces origines ancestrales. Les us et coutumes de l’île semblent malheureusement parfois être en désaccord avec la politique ou avec les lois chiliennes ; des accords spéciaux ont donc dû être passés de temps à autres entre le Chili et la population de Rapa Nui afin d’éviter des tensions. Rapa Nui profite cependant grandement du protectorat chilien et les habitants de l'île bénéficient de la nationalité chilienne. Les invasions successives de l'île, ainsi que les enlèvements et l'esclavagisme avaient presque complétement anéanti la population de Rapa Nui. Le Chili, en annexant ce territoire, a donc aidé à préserver cette population qui avait presque disparu. La plupart des fruits et légumes, ainsi que la viande sont acheminés depuis le Chili, vers l'île, par bateau. L'hôpital de l'île, ainsi que tous les soins médicaux mais également les matériaux de construction et toute l'infrastructure viennent également du Chili. Grâce au protectorat chilien, la population Rapa Nui a pu se développer et les perspectives des jeunes générations sont bien meilleures que celles des générations précédentes. Rapa Nui a sa propre culture, sa propre langue et sa propre identité. On y parle bien entendu l’espagnol, vu que l’enseignement publique est donné dans cette langue mais il existe également la langue Rapa Nui indigène. Nous avons appris qu’une loi spéciale autorise les habitants de Rapa Nui à garder leurs enfants chez eux s’ils ne désirent pas les envoyer à l’école. Certaines familles de l’île préfèrent donc garder leurs enfants chez eux lorsque ceux-ci sont en bas âge pour leur apprendre la langue Rapa Nui et les us et coutumes locaux. « Le système éducatif n’est pas adapté à notre île, c’est un système chilien qui fonctionne peut-être là-bas mais qui n’est pas adapté à la culture Rapa Nui », m’a dit une maman. Celle-ci pense envoyer sa fille à l’école quand elle aura 7 ou 8 ans, une fois que la langue et la culture Rapa Nui auront bien été intégrées par son enfant. Ces soucis identitaires ne sont cependant pas partagés par tous et nous avons vu nombre de petits écoliers déambuler joyeusement dans les rues de la ville. Très sauvage, avec un écosystème unique et nombre de sites archéologiques importants, cette île est maintenant protégée par l’UNESCO. La majeure partie du territoire a été déclarée un parc national afin de préserver cet héritage précieux de l’humanité. Rapa Nui est une toute petite île aux paysages sauvages et sublimes ! Bien entendu, vous avez tous entendu parler des « Moais », c’est grandes statues si typiques et si mystérieuses mais Rapa Nui, c’est encore bien plus que ça… Il n’y a pas que les Moais, il y a également les magnifiques pétroglyphes qui ont été gravés, les superbes peintures dans les nombreuses grottes et cavernes de l'île et le culte de l’homme oiseau qui a remplacé la tradition ancestrale des Moais et qui était célébré jusqu'à la fin du 19ème siècle. Il y a une mythologie locale riche et peu connue, ainsi qu’une histoire locale faite d’invasions successives, de guerres de clans et de dévastations en tous genres. La petite île de Rapa Nui est certes minuscule mais son Histoire est impressionnante ! Notre séjour sur l’île de Rapa Nui étant très court, nous avions décidé, avant notre départ, de réserver un hôtel et une visite guidée de l’île. Nous avons eu la surprise et la chance de tomber sur une guide allemande mariée à un Rapa Nui issu des derniers survivants indigènes de l’île. Elisa, notre guide, était juste parfaite ! Elle a, bien entendu, lu et étudié toutes les théories scientifiques concernant Rapa Nui mais, ce qui la différencie des autres guides, c’est sa grande connaissance de l’histoire Rapa Nui, telle qu’elle est contée par les indigènes. Non, pas la mythologie, ni les légendes… l’Histoire ! « Ce n’est pas la même chose ! Les Rapa Nui connaissent leur histoire et leurs origines mais ce savoir n’est jamais écrit, alors les scientifiques parlent de légendes mais ce ne sont pas des légendes », m’a dit Elisa. Le peuple Rapa Nui a, en effet, une tradition orale très riche qui se transmet de génération en génération au sein des familles. Elisa a eu la chance de recevoir une partie de ce savoir en se mariant à un indigène. Les visites guidées d’Elisa sont donc fascinantes et très instructives. Passionnée par la culture Rapa Nui, Elisa transmet ses savoirs : ses connaissances scientifiques et archéologiques, ainsi que le savoir confié par les Rapa Nui. Nous en avons appris des tonnes sur les fameux Moais, sur leurs origines, sur leur transport (non, ce ne sont pas des extraterrestres qui les ont transportés !), sur les autres aspects culturels de l’île de Rapa Nui et sur ses habitants mais je n’ai pas le temps de vous raconter tout cela par écrit… un accident s’est produit pendant notre séjour, notre petite Anokhi a dû être hospitalisée d’urgence et je n’ai pas le temps de tout vous raconter… désolée… le mystère des Moais et de la fascinante culture des Rapa Nui resteront intacts… ou alors je vous raconterai tout ça de vive voix à notre retour... Une histoire de cacahuète : Les accidents peuvent se produire… Notre petite Anokhi a inhalé une cacahuète en jouant avec ses frères et celle-ci est allée se loger au fond de son poumon droit. Enfin... on sait cela maintenant, plusieurs jours après l’incident mais sur le moment, tout s’est passé très vite… Anokhi mangeait des cacahuètes... elle jouait avec ses frères en mangeant... elle s’est mise à tousser… elle était toute rouge et ne trouvait plus son souffle... On lui a tapé dans le dos, on l’a mise la tête en bas, les pieds en l’air, on lui a pressé sur l’estomac par derrière pour la faire vomir, on a tout essayé… très vite... Des cacahuètes mâchées sont ressorties mais Anokhi toussait toujours et ne pouvait plus respirer. Nous avons couru à la réception, Anokhi était pliée en deux, rouge et suffocante. Taxi - urgences... Là, ils ont essayé de la faire vomir à nouveau mais rien n’est sorti. Anokhi étouffait. Ils lui ont fait boire de la vaseline liquide, en espérant que cela ferait descendre les résidus des cacahuètes mais cela n’a pas aidé. Finalement, peu à peu, Anokhi a réussi à déglutir puis à calmer sa toux. Elle a dû faire beaucoup d'efforts pour contrôler sa respiration. La doctoresse a enfin pu observer l’intérieur de la gorge avec une petite lampe. Elle y a bien vu des résidus de cacahuètes mais a dit que cela allait passer avec le temps, Anokhi les avalerait. Anokhi toussait cependant toujours... « OK. Mais peut-on faire un examen des poumons ? » « Non, ce n’est pas nécessaire », m’a dit la doctoresse, « votre fille va bien » mais elle a quand même appelé un collègue pour en être sûre. Le collègue est arrivé et il a ausculté Anokhi... Anokhi se plaint alors de douleurs dans la gorge et de ne pas pouvoir respirer convenablement. La respiration est sifflante mais il faut se rendre à l’évidence, rien ne peut être fait sur l’Île de Pâques, le matériel médical n’étant pas adéquat. « On ne pense pas qu’il y ait quelque chose dans ses poumons et de toute façon, ici, on ne peut rien faire de plus... ». OK… décision rapide… Quels sont les risques qu’elle ait quelque chose dans les poumons ? Minimes… Les docteurs me disent d'attendre et de la garder en observation jour et nuit. «Si sa respiration s'empire, ramenez-la ici et on avisera ». Nous partions deux jours plus tard pour Tahiti...
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Kean et CeliaNous sommes les parents de 3 merveilleux enfants. Archives
January 2018
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